2025 est l’année de la santé mentale. Considérée comme une grande cause nationale, l’intérêt des enquêtes s’est notamment porté sur la santé mentale des enfants. L’une d’elles s’est concentrée sur le TDA-H et ses conséquences sur les adolescents ayant consommé de la Ritaline pendant plusieurs années. Ce rapport a été rendu par le Haut Conseil à la Famille à l’Enfance et à l’Âge, j’en déposerai le lien en fin d’article.
Les parents d’enfant « agités » ont besoin d’un diagnostic. Ils se tournent vers les professionnels de santé pour savoir ce qui arrive à leur enfant et pour recevoir de leur part des conseils et du soutien. La première des demandes qu’ils nous adressent est de les libérer d’une angoisse bien naturelle : qu’arrive-t-il à mon enfant? pouvez-vous m’aider? suis-je responsable? La communauté des professionnels de santé peut parfois se montrer alarmante, l’école est parfois dépassée et il arrive aussi que ces difficultés se transposent à la maison. Parents et enfants se retrouvent alors sans repos et prêts à tout pour que cela cesse.
Le milieu scolaire, producteur de normes, établissant ce qui est un comportement acceptable ou non, ce que sont des temps d’attention et de concentration tolérables ou non, a été l’objet de nombreuses refontes dans le but de tenter de répondre à ces exigences normatives. Tous les efforts ont été concentrés pour que la réussite, la performance et l’adaptation, maîtres-mots de notre système, soient garanties. Mais cela ne se fait pas à n’importe quel prix et les conséquences sont lourdes. Nous sommes ainsi invités dès notre plus jeune âge à nous adapter à la norme dictée par les discours dominants, invités à répondre à une demande productiviste, nos enfants sont enjoints à ne pas faire de vagues, à se montrer attentifs, concentrés et calmes ; disposés à entrer dans les apprentissages et à accueillir le savoir.
La molécule nommée méthylphénidate est encore bien souvent considérée comme le Graal, directement associée à l’idée qu’elle est le remède au TDA-H, elle peut parfois être prescrite de manière automatique, là où un travail thérapeutique par la parole ou par médiation pourrait aider à une atténuation du symptôme. Ceci dit, on constate souvent qu’une fois le diagnostic posé et la molécule prescrite, certains enfants pouvaient enfin rester assis, ne pas déranger, se montrer plus attentifs.
Certes… mais là où le psychanalyste a autre chose à y voir, c’est qu’à éteindre le symptôme, on en oublie d’écouter la vérité qu’il recelait. Le diagnostic apaise l’angoisse, la molécule peut atténuer les symptômes, mais quid de la question initiale? A médicaliser la chose, à réduire le symptôme au corps, on en oublie d’écouter le sujet, on en oublie d’interroger cette difficulté qu’avait l’enfant à « rester en place », la parole s’éteint, n’a plus lieu d’être. En procédant ainsi, en se contentant de prescrire, on sait pour lui ce qu’il lui faut, et l’étiquette diagnostique permet de ranger le problème dans un tiroir et l’enfant dans une boîte. A l’un d’eux qui s’est présenté à moi en me disant « Bonjour, je suis TDA-H », je n’ai pas pu répondre autre chose que : « Non, vous vivez avec une difficulté d’attention, mais vous êtes Mathieu (ou Sophie ou Mohamed ou Kevin) ».
Alors, pendant un temps les parents sont rassurés, leur petit va pouvoir s’adapter au système scolaire, avoir un plus grand sentiment de normalité, et il est bien naturel de vouloir cela pour son enfant. Seulement, ce symptôme qu’on a fait taire à renforts de chimie était celui-là même qui faisait office de dire ; à travers lui l’enfant parlait, disait quelque chose de sa place, de ses difficultés à faire face. Il est donc essentiel d’apporter à ces difficultés une réponse thérapeutique complémentariste, travailler en équipe autour des enfants est essentiel, tisser du lien, parler, en parler et mesurer aussi que l’administration de molécules chimiques à long terme doit être un acte mesuré.
Ce n’est pas autre chose qu’indique ce rapport de la HCFEA dont je produis ici la note de synthèse.
https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/la_hcfea_sme_synthesecourte.pdf